Que vous ayez une crinière de lionne ou que vous perdiez davantage de cheveux au printemps (ce qui est normal), allez vite visiter « Des cheveux et des poils ». Cette brillantissime expo qui vient d’ouvrir ses portes au musée des Arts décoratifs à Paris, durera jusqu’au 17 septembre 2023.
L’expo est vaste. Prenez votre temps. Elle présente plus de 600 œuvres, allant du XVe siècle à nos jours. Entre mode, peinture et accessoires parfois saugrenus, le parcours divisé en cinq thématiques est aussi curieux que didactique. Il nous emmène sur les chemins du poil et des aventures capillaires. Des chirurgiens-barbiers aux cheveux décolorés de starlettes en mal de blondeur sophistiquée en passant par d’étranges coiffures comme celles « à l’Huluberlu », ou « à la girafe ».Peigne » à la girafe », maison Henon Fils, vers 1830 @F Lebel
Les humains ne sont pas des sauvages… quand même !
La pilosité est une caractéristique que l’homme partage avec presque tous les mammifères. Seul moyen d’échapper cet état animal : apprivoiser et dompter veineux et poils. Entre barbe fleurie (Charlemagne), et moustache autoritaire (au milieu du XVIIIesiècle, « moustache » en argot désigne un soldat), le poil des hommes est synonyme de virilité. Un attribut d’ordre et de prestige. Imagine-t-on l’empereur François-Joseph d’Autriche (époux de la belle Elizabeth dite Sissi) sans barbe ni moustache ? A ce sujet, les cheveux de l’impératrice longs de un mètre soixante-dix et pesant plus de quatre kilos, étaient lavés toutes les trois semaines avec des jaunes d’œuf, de l’eau et du cognac… « Ma vraie couronne » disait-elle, à propos de sa toison.
En bref, si barbes, moustaches et cheveux n’ont cessé au fils des modes d’être domptés, c’est pour bien signifier que l’homme et la femme ne sont pas des bêtes. Nos poils humains ne sont pas des poils sauvages… Nous savons les domestiquer.
« Bird of Paradise » création Jean-Michel Santens en 2022. Photo @F Lebel
Epilés ou montrés avec fierté…
Il n’y a pas que les cheveux que l’on met en scène suivant les modes. Le choix de conserver, d’éliminer, de dissimuler ou d’exhiber les poils des autres parties du corps est aussi un sujet d’histoire. Et l’expo traite ce thème par le biais de la représentation des corps nus dans les arts visuels et les témoignages écrits. La pilosité est rare, voire absente de la peinture ancienne. Le corps glabre est synonyme de corps antique et idéalisé, alors que le corps velu est associé à la virilité, voire la trivialité. Seuls les adeptes de sports virils telle la boxe et le rugby, mais aussi les illustrations érotiques ou les gravures médicales montrent des individus couverts de poils.
Chez les femmes, elles s’épilent le pubis depuis l’Antiquité. Mais au début du XXe siècle, lorsque les corps féminins se découvrent dans les années 20, les réclames dans les magazines vantent les mérites des crèmes dépilatoires et des tondeuses performantes pour les éliminer.
Des métiers au poil
Machines à sécher les cheveux Wella, vers 1930 @F Lebel
L’exposition dévoile les différents métiers du poil : barbiers, barbiers-chirurgiens, étuvistes, perruquiers, coiffeurs de dames, etc…. Ceci est fait à travers des documents d’archives et une foule de petits objets : enseignes, outils, produits divers et les étonnantes machines à permanentes et les séchoirs des années 1920.
En 1945, la création de la haute coiffure élève le métier au rang de discipline artistique et d’un savoir-faire français. La coiffure du XXe siècle est marquée non seulement par Guillaume, Antoine, Rosy et Maria Carita mais aussi par Alexandre de Paris coiffant princesses et célébrités. De nos jours en revanche, la grande coiffure s’exprime principalement lors des défilés des prestigieuses maisons de mode. Invités à l’exposition, Sam McKnight, Nicolas Jurnjack ou Charlie Le Mindu réalisent des coiffures extraordinaires pour les top-models et personnalités du show-business. A noter : le parcours révèle également les innovations majeures de Wella Company, partenaire officiel de l’exposition.
Se coiffer en toute intimité
L’impératrice Sissi aux cheveux défaits d’après Franz Winterhalter @F Lebel
Un tableau de Franz-Xaver Winterhalter, daté de 1864, représentant l’impératrice Sissi (encore elle et sa mythique chevelure !) en robe de chambre et les cheveux dénoués, était strictement réservé au cabinet privé de François-Joseph. Sana aller jusqu’à cette extrême pudeur, une dame bien née ne pouvait se montrer en public les cheveux défaits jusqu’à la fin du XIXe. Même discrétion côté des perruques. Un exemple, pour ne pas être seul à exhiber une bizarre coiffure, Louis XIV devenu chauve très jeune adopta la perruque dite de « cheveux vifs » qu’il imposa à la cour.
« Les brunes ne comptent pas pour des prunes… »
@F LebelLes couleurs naturelles des cheveux et leurs symboliques sont étudiées avec ce qu’elles véhiculent. Le blond est la couleur des femmes et de l’enfance. Le roux est quant à lui attribué aux femmes sulfureuses, aux sorcières et à quelques célèbres femmes de scène. Enfin les cheveux noirs trahiraient le tempérament bien trempé des bruns et les brunes. Des colorations expérimentales du XIXe siècle jusqu’aux teintures plus certaines dès les années 1920 : les couleurs artificielles ne sont pas oubliées. Le travail du coiffeur Alexis Ferrer qui réalise des impressions digitales sur de vrais cheveux est également présenté.Postiche imprimé d’Alexis Ferrer @F Lebel
Musée des Arts décoratifs
107, rue de Rivoli 75001 Paris Tél. : +33 (0)1 44 55 57 50
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