Après plusieurs années de rénovation, l’ancien hospice installé sur le site de l’abbaye du XIXème de la ville de Conche-en-Ouche a ouvert ses portes cet été. Dans ce lieu magique, on peut admirer plus de trois cents œuvres en verre, à la croisée des arts décoratifs, du vitrail et de la sculpture. Dont de nombreuses œuvres de François Décorchemont, l’enfant du pays (1880-1971).

Vitrail-Barkarole-Francois-Decorchemont-1966 @F Lebel
Certes la pâte de verre est du verre… mais du verre complexe. C’est en fait un mélange de morceaux de cristaux concassés (le groisil) inséré dans un moule en plâtre. Moule et débris de verre sont ensuite chauffés (800°). Les morceaux de verre en fusion remplissent alors le moule. Une fois l’ensemble refroidi, on dégage la pièce du moule et on la nettoie. Cette technique très ancienne ressurgit lors de la période de l’Art Nouveau où s’épanouit une profusion de lignes sinueuses, de courbes, de formes organiques. Peu d’artistes ont maîtrisé cette technique. Les plus connus : Henri Cros, George Despret, François Décorchemont, Almaric Walter, Emile Gallé…

Vitrail-Bacchus-Francois-Decorchemont-1934 @F Lebel
Et François Décorchement est né à Conches-en-Ouches…
Avant l’ouverture de ce nouveau musée, la ville avait déjà un musée du verre, dans un lieu beaucoup plus modeste. La raison de cet engouement de la ville pour le verre vient de son illustre habitant, François Décorchement. Un artiste verrier très actif, qui fut aussi peintre. Rien de surprenant, l’homme, né dans une famille d’artistes avait une sensibilité toute particulière à la lumière et aux couleurs.

Vitrail-Nature-morte-aux-fruits-Francois-Decorchemont-1933 @F Lebel
Au sujet de la lumière, une petite anecdote. Un jour, un journaliste interviewa Décorchemont au sujet de la grande verrière qu’il venait de réaliser pour l’église Sainte-Odile à Paris. En regardant la robe rouge d’un saint, le journaliste s’exclama « mais cela bouge ! » Et Décorchemont de répondre : « mais bien sûr que cela bouge, c’est plein de bulles. Cette pâte (de verre) fait prisonnier de l’air frais au moment de la cuisson. Alors, ça palpite, ça vit…»
Collections permanentes et expositions temporaires

@F Lebel
L’histoire de l’art du verre depuis le XIXe siècle est « racontée » aux visiteurs dans une succession de salles. Une scénographie épurée permet de contempler les œuvres de tous cotés. Le fil rouge de cet espace somptueux : les œuvres signées François Décorchemont. Chaque année sont organisées deux expositions temporaires. En ce moment, et jusqu’au 27 novembre, le thème de cette expo est « Amphore Métaphore. L’occasion de découvrir, via neuf installations, comment des artistes ont réinterprété l’amphore, cette simple jarre millénaire au fond typiquement pointu.