Dans les 6 articles de « Vacances de Pâques et autres chroniques » Marcel Proust applique sa sensibilité à l’exploration de moments de son enfance. Par exemple dans un texte il revient sur l’effet que la perspective d’un voyage à Florence a sur son imagination d’alors. Dans un autre, il se souvient comme parfois un monde naissait d’un rayon de soleil tombant sur son balcon. Il y a de la magie dans ces longues phrases qui fleurissent chacune en un bouquet de pensées.
Il est fascinant de voir comment l’ensemble des idées qui naissent d’un seul souvenir se composent et jouent subtilement ensemble. Elles forment de véritables tableaux. Pour autant il ne s’agit pas de simples descriptions, car ces derniers, faits de mots, sont traversés par les émotions et les pensées que chacune de leurs touches fait naître chez l’auteur.
Evasion florentine par Marcel Proust …
Voici un extrait de ce qu’évoque au jeune Marcel l’approche du voyage à Florence (dans la chronique nommée « Vacances de Paques ») :
« Alors ce que j’avais cru jusque là impossible, je me sentis vraiment pénétrer ce nom de Florence ; par une gymnastique suprême et au dessus de mes forces me dévêtant comme d’une carapace sans objet, de l’air de ma chambre actuelle qui n’était déjà plus ma chambre, je le remplaçai par des parties égales d’air florentin, de cette atmosphère indicible et particulière comme celle qu’on respire dans les rêves, et que j’avais enfermée dans le nom de Florence ; je sentis s’opérer en moi une miraculeuse désincarnation … »
Philémon pour JVC.
Ce texte se trouve par exemple dans la collection à 2 euros des éditions Folio.