Contrairement à mes 8 précédents accouchements, j’avais préparé un projet de naissance. Le genre de trucs dont j’ignorais presque jusqu’à lors l’existence. Mais l’âge ou l’expérience aidant, savoir aussi que cet accompagnement de mise au monde était le dernier me concernant, j’ai pris mon courage à deux mains ou plutôt j’ai tenté de libérer ma parole auprès du corps médical. Redoutant les conditions de cette naissance, j’avais largement anticipé ma démarche. J’y suis allée par petites touches puis plus franco la DPA approchant. Je reconnais qu’au cours de ma vie de femme enceinte j’ai eu à subir à plusieurs reprises ce que je définis à titre personnel comme des violences obstétricales. Aussi surprenant que cela puisse paraître ce n’est pas arrivé en tant que parturiente mais en milieu hospitalier lors de fausses-couches. Jusqu’à l’an dernier, je n’avais pas envisagé de subir des violences obstétricales en post-partum.
Comment sont définies en 2022 les violences obstétricales ?
Violences obstétricales ou gynécologiques englobent l’ensemble des comportements, actes, paroles, ou encore omissions de la part du personnel médical lors depuis le début de la grossesse au post-partum. En effet, il arrive que ces gestes ne soient d’une part pas justifiés médicalement ou qu’ils soient accomplis sans le consentement libre et éclairé de la femme. Parfois les mots s’adressent au conjoint présent.
Accouchements traumatisants ou encore examens gynécologiques de routine sont parfois vécus comme des humiliations. Depuis novembre 2014, des femmes ont témoigné de ces violences via Twitter sous le hashtag « paie ton utérus ». Personnellement c’est avant ces dates et la « prise de conscience » de l’opinion publique que j’avais eu à subir et que je m’étais tue.
En juin 2018, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a remis son rapport « Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical : des remarques aux violences, la nécessité de reconnaitre, prévenir et condamner le sexisme », à Marlène SCHIAPPA, Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes.
Un chiffre alarmant :
6% des femmes se déclarent « pas du tout » ou « plutôt pas » satisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement. Ceci représente par exemple environ 50 000 femmes pour l’année 2016. Je me demande combien ne parle pas – encore aujourd’hui …
Un sourire de travers….
J’ai souvent lu cette jolie dénomination pour décrire une cicatrice de césarienne ancienne. Après une première césarienne imprévue mais en urgence (code rouge veut clairement dire ce qui se passe) pour la naissance de mon 8 ème enfant, je n’ai pas eu de lourdes séquelles. Je pense que l’équipe et particulièrement l’obstétricien ont fait du bon travail. Bien sur après 8 heures de travail sur un déclenchement, j’avais rêvé d’une rencontre différente avec ce petit garçon. Mais quelques semaines après l’intervention, les suites de couches n’ont pas handicapé une reprise de vie normale. Après quelques mois la cicatrice était des plus discrètes à l’intérieur comme en surface. Au point d’envisager et de réussir non sans mal mais avec le même obstétricien, 31 mois plus tard une naissance par voie basse. Je le remercie pour le restant de mes jours.
Ceci ne s’est malheureusement pas reproduit récemment lors de ma dernière grossesse. Non seulement dès mon arrivée vers 4 mois de grossesse dans le service, j’ai vécu avec la pression de la césarienne « imposée ». Par prudence et précaution, vu mon âge avancé et ma multiparité probablement. J’ai fait mon maximum pour convaincre l’équipe de ma volonté d’accoucher naturellement. Mais après plusieurs mois d’une angoisse bien stimulée lors de chaque visite, il s’est avéré que notre fille se repositionnait régulièrement- plusieurs fois par jour en fait- en transverse.
La césarienne inconfortable !
Il existe dans le milieu médical le terme césarienne de confort ! Je ris jaune … J’ai vraiment du mal à croire qu’une césarienne puisse être pour quiconque confortable. Je ne détaillerai pas ici ce qui m’a valu la photo qui parle d’elle même sachant que la couture interne est aujourd’hui en T. En sortant de la maternité, j’ai simplement eu droit après mes interrogations à un : « C’est parfait ! » puis « C’est normal ».
Un an plus tard, j’ai encore et de façon définitive, malgré une sage femme en or, plus de séances de kiné que j’ose l’écrire et un entrainement physique quotidien (natation et exercices assidus), un tablier style pâte à pizza, un cordon bien rigide et dur d’une vingtaine de centimètres, une totale insensibilité du ventre sous le nombril. Je ne cite ici que les dégâts visibles au premier coup d’œil. La partie psy se traitera peut-être avec le temps, l’EMDR, l’hypnose ou autres….
Pour des raisons personnelles, il me serait difficile de me plaindre. Qui plus est, j’ai la chance d’avoir dans les bras un bébé en parfaite santé.
Les violences obstétricales subies par Delphine :
C’est une jeune femme « ordinaire » qui attend sereine et épanouie son deuxième enfant. En toute confiance, elle a préparé son accouchement. Prête et heureuse, elle s’apprête à accoucher pour la deuxième fois dans la même maternité. Hélas rien ne va se dérouler comme prévu. «Comment est-ce qu’on va recoudre ça ?» C’est la phrase que la sage-femme prononce alors qu’elle tient enfin son bébé dans ses bras. C’est alors le début d’une escalade d’expériences douloureuses et parfois humiliantes. J’irais jusqu’à dire, des mois de vie en apnée…

Informations pratiques :
Comment est-ce qu’on va recoudre ça ?
Halte aux violences à l’accouchement !
Un témoignage santé, bien-être, paru le 19/01/2022. C’est la triste et édifiante histoire de Delphine Leclerc lors de la naissance de son deuxième enfant.
Genre : Santé et diététique
192 pages – 18€ (12€99 en format numérique) aux éditions Flammarion