Depuis quelques temps, il savait qu’il était vraiment le dernier et que sa mort mettrait un terme à la glorieuse aventure des 1 038 Compagnons de la Libération. Hubert Germain, né le 5 aout 1920, meurt le mardi 12 octobre 2021. Dans sa chambre de l’Institution nationale des Invalides, la promotion de saint Cyr qui prendra le nom de Compagnon de la libération va réaliser des entretiens avec celui qui sait qu’il sera inhumé dans la crypte du mémorial de la France combattante, au Mont Valérien, comme le souhaitait le général De Gaulle, fondateur de l’Ordre de la Libération. Cette nouvelle bande dessinée retrace la vie simple d’un héros qui savait dire tout simplement non à l’adversité.
Hubert Germain passe une partie de son enfance à Damas (Syrie) et en Indochine où sert son père, officier des troupes de marine. Alors qu’il prépare le concours de l’Ecole navale, il est sidéré par la défaite de juin 1940, devient résistant, sans entendre l’appel du 18 juin, en rendant copie blanche à l’épreuve de mathématiques. La passion de dire non est née. Non à sa famille proche de Pétain et non à devoir subir les allemands. Il embarque pour l’Angleterre six jours après l’appel du général De Gaulle. D’abord affecté sur le cuirassé Courbet puis en état-major, il est envoyé se former comme officier à damas, avant de rejoindre, début 1942, la 13e demi-brigade de Légion étrangère (DBLE), comme chef de section antichar.
Hubert Germain sera de tous les combats de cette unité. Les combats stratégiques s’égrènent : Bir-Hakeim, El Alamein, puis ceux de Tunisie et d’Italie, où il est blessé par un éclat d’obus en Italie. A sa sortie de l’hôpital, le Général De Gaulle en personne le nommera compagnon de la libération. Enfin, le débarquement de Provence en 1944 et la libération de la France, avec les très dures campagnes des Vosges et d’Alsace sont un parcours de dignité. Sa division n’a pas l’honneur de participer à l’invasion de l’Allemagne. Et il termine la guerre dans les Alpes-Maritimes. Avant d’être démobilisé en 1946, il sert néanmoins comme aide de camp du général Koenig, qui commande les forces d’occupation en Allemagne.
Rien ne l’arrête, ainsi à 26 ans, il est rendu à la vie civile. Il entame alors une autre carrière. Proche de Pierre Messmer, un ami de la 13e DBLE, il le rejoint au cabinet au ministère des Armées, il est élu député gaulliste de Paris de 1962 à 1973, avant d’entrer au gouvernement pour devenir Ministre des Postes et Télécommunications.
Pour compléter cette bande dessinée, on notera qu’ 2020, il avait publié ses mémoires, sous forme d’entretiens avec Marc Leroy, Espérer pour la France (Les Belles Lettres).« Quand le dernier d’entre nous sera mort, la flamme s’éteindra. Mais il restera toujours des braises », y disait-il. L’idéal qu’inspire le Lieutenant Hubert germain est celui de la passion qui l’a toujours animé, celle de la France. La grandeur du service rendu à la nation, la beauté du sacrifice, la valeur du courage et de l’effort, la vertu du commandement sont toujours d’actualité dès lors que l’on est convaincu qu’il n’y a pas de liberté sans lutte.
L’une des six femmes « Compagnons de la Libération ».
Compagnons de la Libération chez Grand Angle Editions. 14€50 / 56 pages / janvier 2022.