Lorsque nous arrivons dans une nouvelle région, une ville inconnue ou même un territoire mystérieux, une part importante de mon intérêt est de découvrir ce qui s’y trame. Et justement, notre arrivée en Guyane en pleine saison des pluies m’avait un peu privée de cette découverte que nous avions précédemment adoré dans le Pacifique.
Immédiatement immergés dans l’Enfer Vert, nous avons adopté en premier la végétation luxuriante, en particulier ces fruits qui nous avaient tant manqué à Wallis, le chocolat d’Amazonie obtenu à partir de cabosses endémiques et les singes capucins qui venaient le dimanche matin se servir en papayes dans le jardin. Mais en écumant les rayons de produits locaux de mon supermarché le plus proche, j’ai trouvé des bouteilles portant une étiquette qui ne pouvait me laisser indifférente. Jeune Gueule en doré et argenté issues d’une brasserie guyanaise, qui produit et distribue principalement en Guyane mais aussi dans l’hexagone et à l’étranger ses bières locales.
L’histoire d’un homme qui avait fait de la Guyane sa terre d’adoption :
Au départ rien ne le destinait à faire de la Guyane sa patrie. Pourtant après un service militaire outre-mer en Guyane, Frédéric Farrugia est revenu travailler ici.
Imaginée en 2010, Frédéric et Jannick décident de monter la première brasserie artisanale de Guyane. Depuis la brasserie n’a cessé de se développer !
Animés par la passion, ils enchaînent différents stages, ainsi que différentes formations et constructions. Comme vous pouvez le constater sur la vidéo des temps modernes, en partant de pas grand chose, on peut arriver à tout. Même à devenir un acteur du marché local guyanais. En effet, dès 2011, les bières “Jeune Gueule” font leurs apparitions sen rayons.
Depuis ils n’ont eu de cesse d’améliorer leurs recettes, et d’augmenter la production. Quatre bières de haute fermentation sont désormais produites toute l’année.
Jeune Gueule en quelques chiffres : 
En visitant la brasserie, la personnalité de Frédéric Farrugia ne pourra pas vous échapper. Si le courant passe, vous êtes partis pour une heure d’histoires passionnantes sur la bière… mais pas que ! Il vous racontera le pourquoi du comment et vous parlera d’avenir, de ses projets pour cette brasserie, son bébé qui est en pleine adolescence. Age de l’émancipation et de la prise de positions.
Et bien Jeune Gueule a des tas de projets comme une version Wassaï ou Cupuaçu (les graines cousines du cacao). L’idée est en fait de partir d’ingrédients dans lesquels vous récupérez un max d’amidon à transformer en sucre simple puis en alcool. C’est facile, hein ?
Quelques étapes de la fabrication chez Jeune Gueule :
Si la France n’est pas un gros consommateur de bière -34 litres par an et par personne, enfants inclus- en comparaison avec la Tchéquie par exemple qui tourne à 80litres, la Guyane est en constante augmentation de 2% par an avec une moyenne actuelle à 40 litres.
Mais cette augmentation annuelle est en fait équivalente à la production de Jeune Gueule. Donc pour répondre aux besoins croissants de la Guyane, Frédéric Farrugia devrait construire une nouvelle brasserie chaque année ! Forcément comme la population de la Guyane est en constante augmentation, la consommation de bière aussi. On est déjà à 140 mille hectolitres par an !
Si cela ne vous parle pas, rendez-vous compte que ce territoire adepte de longue date du rhum, n’en consomme que 3 à 4 mille hectolitres par an !
Pourquoi la Guyane est-elle intéressante en matière de production de bière ?
Tout simplement parce que son eau est par nature très décalcifiée tout comme l’eau tchèque. Pour ce qui est de ce qu’on y met, le couac local est très riche en amidon et peut avantageusement remplacé l’orge. N’hésitez donc pas à goûter la bière au couac de Jeune Gueule !
Après le maltage qui consiste à faire tremper les céréales durant 3 jours dans l’eau pour qu’ils commencent à germer et produisent des enzymes, vient le séchage. On fait ou pas griller les graines selon le résultat souhaité. On va ainsi du malt blond au malt caramel, l’orge sera plus ou moins grillé et donnera ensuite une bière plus ou moins foncée au goût différemment prononcé.
A titre d’indication, il faut tout de même 1 tonne de graines d’orge pour produire 4000 litres de bière. C’est d’ailleurs l’ingrédient qui déterminera le prix de revient de la bière puisque 50% du prix de revient de la bière est le prix de la matière première. Par ailleurs, la production d’un litre de bière nécessite 3 à 5 litres d’eau.
Et demain ?
Parmi les projets d’agrandissement, de conditionnement sous clim, les inventeurs tentent aussi de développer de nouvelles bières aux fruits et épices guyanais.
Profitez également d’un espace de vente de produits locaux. Saucisson, chips de banane ….
Informations pratiques :
1749 chemin de l’Egyptienne
Stoupan
97351 MATOURY
(Durée 2h30, Visite tous les samedis à 10 heures sur réservation sur le site web de la brasserie, 8€/pers, gratuit moins de 12 ans, tarifs groupe a partir de 10 pers.).
Lieu de pratique : Route de Stoupan
Le coup d’coeur Jeune Gueule de JVC :
Pour vos événements, anniversaires ou fêtes … si, si les fêtes reviendront, nous ne seront pas éternellement confinés, vous pouvez louer une tireuse que Jeune Gueule vous prête en fait pour l’achat de fut de bière pression. Il ne vous reste qu’à choisir selon que vous êtes plutôt Blonde, Orpailleuse …. Les futs font une vingtaine de litres. Rien de tel à part peut-être ma recette du jus vert (les connaisseurs se reconnaîtront) qu’une bière pression pour mettre l’ambiance à la fête !
On aime aussi la plaque commémorative suite à l’appel de fonds de 2018 !