Vis ma vie : J’ai couru le marathon de Barcelone !

Ceux qui me connaissent en privé, savent que parmi mes enfants, certains sont sportifs, certains sont obsessionnels et parfois les deux à la fois…. J’ai toujours beaucoup aimé lire le style enlevé et vivant de mon aînée et je lui ai demandé si elle accepterait de partager ici son expérience récente dans une jolie ville espagnole. Par chance, elle a accepté de nous raconter son marathon de Barcelone !
marathon de Barcelone

On pourrait sous-titrer cet article « pourquoi je cours ? »…

Et oui, la course à pied (non, pas le « running », #so21ème siècle #tmtc) et moi, ça n’a pas toujours été une histoire d’amour. Je l’ai détestée (la course à pied, toujours pas le « running »), d’ailleurs la fille qui trainait derrière et qui avait envie de se planquer dans les toilettes au cross du collège / le dimanche matin / à l’échauffement au basket / quand les copines voulaient faire une course d’orientation (entourer votre version à vous), et bien c’était moi.
Et pourtant, j’ai persévéré, parce que courir, c’est facile.
Il suffit d’une paire de basket (on reviendra sur le sujet….), ça ne prend pas de temps, tac on sort on court, simple comme bonjour.
Mais malgré tous mes efforts, j’ai toujours détesté ça.
Et puis un jour, mon chéri m’a proposé d’aller courir au parc à 22h un jour de fin d’hiver. Il faisait noir, c’était une drôle d’idée, j’ai dit « jamais de la vie! ». Et puis finalement, j’y suis allée, parce que ça avait l’air de lui faire plaisir, et que je trouvais l’idée tellement saugrenue que je me demandais ce qu’il pouvait bien y trouver comme intérêt.
Spoiler : c’était HORRIBLE.
Et j’ai fait 3km en 45 minutes. Mais j’ai décrété qu’on allait y retourner 3 fois par semaine.
À chaque fois dans le noir (on voit moins la montée).  Et il fallait me parler. Et ne pas me dépasser. Et puis il fallait me supporter surtout, je vous raconte pas …
Mais au bout de quelques semaines ou plutôt mois, la magie a opéré. Sans que je ne m’en rende compte …
Mon chéri de l’époque est parti en vacances en me laissant en cadeau un lecteur MP3, et en me rassurant :  » ne t’inquiète pas, tu vas y arriver toute seule, ce n’est pas plus dur qu’à deux « .
Certainement un des plus beaux cadeaux que l’on m’ait fait, parce que 8 ans après (et de multiples péripéties, non abordées ici mais qui ont leur importance !), non seulement je me retrouve sur la ligne de départ du marathon de Barcelone,….

….mais surtout je suis prête.

Désormais, je sais faire plus de 100km par semaine, j’enchaîne les fractionnés sur piste, les séances de seuil, les sorties longues, les 4*3000m qui décrassent bien la machine…
Oui oui oui, j’étais molle, je suis devenue moins molle ! Le footing en endurance du matin est devenu mon bonheur quotidien, mon mode de vie, et ne nous y trompons pas, c’est toujours difficile. Mais c’est pour ça que c’est beau. Je vais donc vous raconter cette course, qui a une saveur particulière…

I- inscription sur un coup de tête en juillet !

Je rentre d’un long voyage professionnel, qui a été très éprouvant psychologiquement, mais qui me laisse en bonne forme physique (la course à pied, c’est ma thérapie, et oui ! Un bon moyen de reconnecter son corps, son cœur et son esprit…).
J’ai envie de faire quelque chose qui me sort de l’ordinaire, et après avoir bien progressé sur semi, je cherche un marathon d’automne, mais dans une ville ensoleillée…
Ça aurait pu être Valence (bien plus roulant !), mais je me laisse tenter par Barcelone, pour l’ambiance, et parce que j’ai des copains qui le courent. Et puis si je me foire, je pourrai toujours remettre ça sur le compte du dénivelé !
Je fais une jolie sortie longue de 30km avec ces mêmes copains. À 5okil (12km/h pour les non initiés 😂), qui passe très  bien. De suite, je prends le dossard comme ça, sans trop y réfléchir, allongée dans mon lit. Le même soir, je décide de m’inscrire également à un 10km juste à côté de chez moi, 8 semaines avant. Quitte à se mettre des défis…. Et puis après, je l’oublie ce marathon !

II – préparation rapide !

Je me lance dans une préparation spécifique 10km, pour essayer de battre mon record et passer sous la barre des 40 minutes, un beau challenge pour moi. La prépa marathon, j’y penserai plus tard …
Un mois et demi après, je cours 10km en 39’52 » sur un magnifique parcours très roulant, et là… Oups, il va falloir s’y coller, à cette prépa !!
Je pars avec une bonne base car j’avais pris soin d’avoir un gros kilométrage hebdomadaire déjà depuis le mois de juillet, vers 80km, pour pouvoir enchaîner sur une préparation spécifique de 8 semaines (c’est un peu court sinon, pour un marathon 🙂).
Les semaines qui suivent se déroulent …
Je vis, je mange, je dors, je bosse même marathon ! 5 à 6 séances par semaine, de l’entraînement croisé en vélo et natation, encore un peu de musculation jusqu’à 3 semaines avant la course, test du matériel (deux semaines avant, je n’avais pas de chaussures, à ne pas reproduire à la maison les cocos !!), des ravitaillements… et progressivement, le stress monte un peu ! Est-ce-que je serai prête ? À quelle allure partir ? Comment gérer ma course ? Je vais être toute seule, je ne comprendrai rien…. Et puis c’est mon premier marathon officiel… Toute perdue, la petite coureuse !

III – organisation au poil

Un mois avant, je commence à m’affoler, et je prends donc :
– un train renfe-SNCF au départ de Lyon pour Barcelone (c’était pas cher !)
– un AirBNB à 200 mètres de la gare et 1km de la Plaza Espania, lieu du départ de la course.
Et c’est à-peu-près tout ce que j’organise. J’ai deux amis qui ont chacun leur hébergement aussi, et on pourra se retrouver la veille de la course. Gautier est un vieux routard du marathon, qui nous rassurera (2 à 3 marathons par mois au pic de la saison !), tandis que Patrick a quelques expériences à son actif, mais surtout un objectif chronométrique bien précis (3h15 !), et forcément l’appréhension qui va avec.

IV- J-2

C’est l’heure de voir la mer !
Je monte dans le train avec mes appréhensions, mais j’ai peaufiné mon objectif (moins de 3h20) et mon plan de course (partir à 4’45, puis accélérer aux environs du 31ème kilomètre, quand la course passe au bord de la mer…).
Mon estomac a du mal à supporter le combo stress + surcharge glucidique, et je suis allée à l’athlé mardi dernier, en dépit de tout bon sens (la phase d’affûtage, c’est difficile à respecter : on perd tous ses repères et on a souvent de mauvaises sensations…). J’attrape à la volée une boîte de brandade de morue bio à la composition nutritionnellement irréprochable et parfaitement adaptée au marathon, que je mangerai à l’arrivée dans mon hébergement, sur une terrasse en plein cœur de cette ville au climat si doux.

V- J-1

Réveil, et hop, je pars pour un footing « de décrassage » de 4km. Je croise une quantité effrayante de coureurs, mais surtout je constate deux choses :
– Barcelone est magnifique, mais Barcelone n’est pas plate !
– Le soleil est très chaud, et mes affaires vont être bien trop couvrantes pour la course de demain !
En stoppant ma montre, je constate que j’ai couru bien trop vite (un peu plus vite que mon allure cible pour le marathon… Dommage pour un footing qui devrait être facilement 2km/h moins vite !). On dira que c’est l’excitation qui m’a joué des tours …
Je file rejoindre le village des coureurs, où je retrouve Patrick (Gautier ne s’est pas réveillé !) pour retirer mon dossard. Je suis un peu triste et étonnée, mais il n’y a quasiment pas d’animations (covid, vous avez dit covid ?). Heureusement, nous pouvons tous les deux changer notre sas de départ pour la vague plus rapide (mieux vaut se sous estimer un peu, dans le doute, mais là, nous étions vraiment surs d’avoir les jambes !).
Après un petit tour par le jardin botanique (vue absolument sublime sur Barcelone tout entière), nous retrouvons Gautier pour un déjeuner aux Arènes, puis filons faire un saut dans une boutique Asics, histoire de me trouver un débardeur adapté aux températures du lendemain. Heureusement, mes deux acolytes me dissuadent de faire un razzia (Asics, si vous m’entendez, je candidate pour tester vos textiles 😂) : « mais tu avais besoin de quoi ? Tu vas pas courir avec deux t-shirts, si ? ». Fashion victime, non, mais finalement… Peut-être que si !
Nous filons nous enfiler une assiette de pâtes à la sauce tomate, mais je sens bien que mon petit bidou n’est pas super heureux de la manière dont je le traite depuis quelques jours …
Je rentre, je me couche, réveil mis pour 5h30 le lendemain….

VI – it’s race day baby !

Dring, 5h30, j’avale mon petit déjeuner et… Je me recouche ! Un deuxième réveil à 7h me permet de finir ma petite préparation -pipi de stress et tout ce qu’il faut, accrochage du dossard et de la puce, dernières vérifications…. À 8h, Gautier me rejoint, pose ses affaires chez moi, et en petites foulées, direction le sas de départ sans passer par la consigne (luxe absolu !).
Nous nous plaçons tous les deux sur la ligne de départ, enfin dans notre sas (3h15-3h30). C’est le second sas, car les élites , les moins de 3h et les 3h-3h15 sont réunis en un premier et même sas. En visuel direct, puisque le départ est en pente descendante, l’arche de départ et la marée humaine qui s’étend vers l’avant…
Le stress est toujours bien présent, mais j’échange quelques plaisanteries (toujours en anglais !) avec les rares femmes que je vois autour de moi….
Vers 8h25, je me décide à enlever mon sac poubelle de protection (et oui, il faisait un petit 10°C à cette heure là…), et je continue à revoir dans ma tête mon plan de course. Enfin, dans ma tête… Je crois que je le revois surtout à voix haute en saoulant mon compagnon de course !! Il m’écoute gentiment en m’assurant que tout va bien aller, qu’il ne faut pas que je m’emballe et qu’il va essayer de rester avec moi pendant les 5 ou 10 premiers km.
8h30, et ce sont les flammes qui annoncent le départ du premier sas, et ça part, ça court vite ! Nous nous avançons progressivement, pour nous placer à l’avant du sas, mais pas juste sur la ligne non plus. J’apprendrai à la fin de la course que j’ai perdu 17 secondes au départ (différence entre le temps officiel et le temps à la puce 🙂).

VII – 8h39 : Vamos !marathon de Barcelone

C’est notre tour de partir…. je vois les flammes, je vois Gautier qui part, je le suis, et la foulée déroule tout de suite , c’est super agréable.
Oui, parce que l’allure marathon, je l’ai travaillée, travaillée, re travaillée. Je l’ai parfaitement dans les jambes : 4’40 (4 minutes et 40 secondes par kilomètre, c’est l’allure pour faire 3h . J’avais pour projet de partir vers 4’45 mais finalement, j’ai travaillé 4’40, je pars à 4’40, advienne que pourra ! Je comprends tout de suite que Gautier va rester avec moi sur ce début de course, même si ce n’est pas son allure, et il commence déjà à m’expliquer que je vais trop vite … Il n’a pas tort, car ma montre me fait une petite blague, en me sonnant le premier km presque 200m avant le marquage officiel…
Heureusement, j’ai prévu le coup, en notant tous mes temps de passage au verso de mon dossard… Les jambes déroulent gentiment en passant quelques côtes qui se courent sans problème mais sont tout de même bien présentes, puisque dans les descentes qui suivent je me retrouve à 4’20 sans aucun effort…
Passage au 5e km en 23’42, alors que ma montre m’affiche nettement plus déjà, pour une moyenne de 4’47/km sur ce premier segment… J’ai dû rallonger en gérant mal mes trajectoires, car à la sensation, j’étais plus proche des 4’40…. Je ne me démonte pas et continue sur ma lancée, en discutant avec mon Gautier qui continue à me rassurer, me faire rire avec ses commentaires et ses certitudes, et j’avoue que ça me fait du bien, de retrouver de la familiarité, car à ce stade, je suis dans l’incertitude.
Et oui, je commence à avoir un bon mal de ventre … Les jambes vont bien, mais je ne me sens vraiment pas très bien au niveau digestif, et je sais que c’est de mauvaise augure. Je me force quand même à boire un peu à chaque ravitaillement, soit une ou deux gorgées tous les 2,5km, d’ailleurs c’est parfaitement organisé, avec des bénévoles adorables qui tendent des tonnes de bouteilles de partout, impossible d’en rater un !
J’entame aussi ma première pompote, j’avais prévu d’en manger 4 sur la course entière. Passage au 10e km en 46’31, soit 4’33 sur le dernier segment. J’ai un peu accéléré, et je suis légèrement en avance sur mes temps de passage, mais j’ai la caisse pour si je me fie à ma prépa…
Et je continue, le parcours est sublime, le soleil est là.
Arrive le 15e km en 1h10 soit 4’44 sur le dernier segment, et là je me pose franchement des questions. J’ai mal au ventre, j’ai peur d’avoir besoin de m’arrêter, je cogite, et j’ai perdu Gautier qui est en fait juste derrière moi, mais ça je ne le sais pas …
Arrive la première ligne droite en aller-retour, avec ses faux plats, son soleil qui commence à se faire lourd, je prends moins de plaisir à courir même si je n’ai aucun problème musculaire ou cardio.
Et je cherche des yeux Patrick, qui est parti dans le sas 1, pour faire 3h15… Et là je finis par le voir, pas si loin devant ! C’est un gros coup de boost que de croiser un copain, il a l’air bien, il m’encourage également, et je retrouve de la motivation : je passe au 20km en 1h33’49 soit 4’43 sur le dernier segment.
Au semi marathon, je cours depuis 1h38’47, et je suis classée 1856 (je suis partie en 1784e position, je me suis donc fait doubler… l’avenir prouvera que c’était un bon calcul !). Je discute avec quelques coureurs, des français, des espagnols, des anglais, certains ont l’air bien, d’autres sont épuisés, et je me dis qu’ils auront du mal à finir. J’en croise même un, adorable, qui m’annonce qu’il a pour objectif 3h30 ! À ce stade, j’ai deux minutes d’avance sur mon objectif de 3h20, autant dire qu’il est sérieusement dans la mouise, comme me le confirme son halètement… Mais il était drôlement sympa !

Mon mal de ventre va de mal en pis,

…je commence à ne plus pouvoir rien avaler, j’ai envie de recracher ma compote, je n’ai même plus envie de boire… Pourtant le soleil est désormais bien haut, et même si je ne m’en suis rendue compte qu’après en voyant l’état de mon débardeur (qui a très bien fait l’affaire d’ailleurs !) et le sel cristallisé sur ma peau, je transpire bien….
Je me dis qu’il ne faut pas que je m’emballe, et j’attends le 30e km avec impatience. Je passe le 25e km en 1h56’47, soit 4’36 sur le segment, j’ai un peu accéléré volontairement, mais très légèrement. C’est une deuxième ligne droite en aller retour jusqu’au grand tampax de Barcelone (Patrick, si tu passes par là…). Et je surveille de nouveau le passage de Patrick devant moi… Et je le vois !! Encore des encouragements, il est encore dans sa course et je suis trop contente pour lui.
Après le demi-tour, c’est Gautier qui me surprend, il était encore juste derrière !!
Il explosera complètement quelques km après, mais quand même, chapeau pour la détermination mon pote ! Mais comme d’accoutumée, ses encouragements me font toujours vraiment plaisir, c’est devenu une habitude, on se croise souvent sur les courses, et il a un sacré talent pour donner de la voix en toutes circonstances !!
D’ailleurs, je reçois sur ma Garmin, religieusement, un message de mon papa à chaque point de passage et même si je ne peux pas en consulter le contenu, ça me fait le même effet qu’un accélérateur à mariokart à chaque fois, parce que je sais qu’il suit la course, qu’il voit que je suis entrain d’y arriver, même si il ne sait pas que je suis dans une lutte amère avec mon tube digestif et que je me fais violence pour rester dans ma course. D’autres amis et membres de ma famille m’envoient aussi des encouragements et je les en remercie / je les bénis / je leur dois une fière chandelle !

VIII – 30e km : quand tu vois la mer, tu accélères !marathon de Barcelone

2h20’30 » , 4’44 sur le dernier segment : ça montait un peu, dont deux ponts et un vent de face désagréable. Je l’attendais. C’est maintenant que ma course commence, et je m’y suis conditionnée depuis longtemps.

Je passe à la 1800e position : j’ai commencé à doubler un peu, mais ce n’est pas encore flagrant. Les coureurs sont encore en forme…
Je commence à me lancer progressivement : j’ai deux minutes d’avance sur mes temps de passage, et je caresse l’espoir de gagner encore un peu de temps.
Je vois la mer, elle est magnifique. Elle scintille, c’est beau, j’ai envie de m’arrêter pour la photographier.
Plutôt que de le faire, je partage cette envie avec un coureur à côté de moi. Il ne me répond pas….
J’ai les mollets un peu raides et quelques minutes je crains la crampe, mais c’était en fait une fausse alerte. Par contre, je fais le bilan de mon état, et désormais je ne me forcerai plus : je ne peux rien avaler. Je boirai juste quelques gorgées au prix d’un sacré effort au km 35 , où je passe en 2h43’50 » soit 4’39 sur le segment, j’ai donc effectivement un peu accéléré, par rapport au segment d’avant, pour retrouver mon rythme officiel.
Par contre, j’ai gagné presque 120 places, puisque je suis désormais 1687. Et ça se voit. Je n’ai fait que doubler, coureur après coureur, en me fixant à chaque fois l’objectif de rattraper le suivant….
Ça ne m’empêche pas de taper sur des épaules, d’encourager rapidement ceux qui ralentissent ou marchent. Les spectateurs sont là, « Vamos la chica !! », je ne parle pas espagnol, mais la seule Chica du coin, c’est moi, et le cerveau commence clairement à être déconnecté.
Je découpe l’effort : pendant mes sorties longues, je me mettais toujours à 4’40 après mes blocs, pendant 5km le temps de rentrer à la maison. C’était dur. C’est pareil aujourd’hui : 5km + les 2 de la fin, et 2km , c’est rien, tu peux les faire dans n’importe quel état ma grande, tu ne lâcheras pas sur tes deux derniers.
Ce que je n’avais pas prévu, c’est que ça monterait en permanence, du 36e km à la fin.
Ma montre a désormais un bon km d’avance sur le bornage officiel, et ça aussi c’est difficile… Mais il n’est plus question d’abandonner : paradoxalement, c’est devenu trop dur pour l’envisager clairement, et mon cerveau est concentré sur la gestion de l’effort. Maintenir le rythme me demande une implication totale : heureusement, je n’ai aucune défaillance physique (à part mon tube digestif, qui est resté à sa place je ne sais par quel miracle…) , et même si mes quadriceps commencent à devenir bien durs, je sais qu’ils tiendront : ils me font mal, comme à la fin de mes plus dures sorties longues, au pic de charge de ma prépa, et c’est simple, ils n’ont pas l’autorisation de me lâcher avant la ligne.

Et ça monte, ça monte,

… et je double, je double .. au 39e km, ça marche tellement autour de moi que je perds ma lucidité, et je me persuade que dès que j’arrive au km40, il faudra marcher.
Heureusement, en y arrivant, en 3h07’19 », soit 4’41 sur le segment au prix d’un vrai effort pour maintenir cette allure sur la montée, j’ai oublié ma lubie. Sur ces 5 derniers km, j’ai encore gagné plus de 150 places (position 1527). Et c’est parti pour les deux derniers km, là je veux juste en finir, c’est trop dur et plus je vais vite, plus vite j’arrête…. *

Alors j’accélère, j’accélère…

Enfin, je n’accélère guère que dans ma tête, puisque ces deux derniers km, je les cours à 4’41, mais qu’est-ce que ça montait ! Avec en plus plusieurs arches successives, et donc plusieurs « fausses arrivées » dans ma tête. Honnêtement, je n’ai plus grand chose à penser sur cette fin de course, qu’à donner le maximum, tout en évitant le sprint, parce que mon ventre est plus que jamais dans un très, très mauvais état, et que je suis drôlement déshydratée.
Pas folle la guêpe, je tiens à ma santé, je sais que c’est gagné et je ne veux pas me blesser bêtement. Je passe donc la ligne en 3h17’32, en ayant encore doublé 70 personnes dans les 2 derniers km.
Je marche, et c’est là que je prends la mesure de l’état de mes jambes, qui se rappellent furieusement à mon bon souvenir : jusqu’au 30e, tout allait bien, mais elles n’ont pas aimé ce que je leur ai imposé entre le 36e et la fin .. je le paierai pendant quelques jours.
Question alimentation/hydratation/état digestif, là, sincèrement, je vivrai des moments extrêmement désagréables pendant 6/7heures, dont je vous passerai pudiquement les détails. Disons juste qu’il faut absolument que je trouve une solution, c’est la deuxième fois que ça m’arrive sur ce type d’effort (long, intense, et au soleil), et je me mets clairement en danger.

L’heure du bilan :marathon de Barcelone

J’ai immédiatement les sensations et le recul suivant sur ma course : j’ai donné tout ce que je pouvais donner ce jour là, sur ce parcours, dans ces conditions. Je suis extrêmement fière de moi, même si je regrette de n’avoir pas été au top physiquement, car peut-être que j’avais le 3h15 pas moins dans les jambes (et on ne le saura jamais !), mais pour un premier marathon, je trouve que c’est une chouette gestion de course. Je suis allée au bout, sans gros coup de mou (d’ailleurs, à J+21, je m’apprête à prendre le départ de la Sainté Lyon, et je ne suis pas blessée !). J’ai donné de ma personne, je me suis confrontée à la distance sans reculer. Je voulais voir ce que le marathon avait à m’apprendre. J’ai touché du doigt l’épreuve, et j’y reviendrai, parce que je suis certaine que j’ai encore de belles batailles à mener, et un long chemin avant d’atteindre le maximum de ce que je peux lui montrer.

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