Pays francophone comme le Togo, le Bénin partage de nombreux points communs avec son voisin. Avec TransAfrica, JVC l’a parcouru du sud au nord et vous livre ses impressions.

OUIDAH, la Trace des Esclaves :
Assurément un des points forts de ce reportage. Une émotion qui prend aux tripes et laisse des frissons sur la peau. Penser à ces 11 millions de femmes, d’enfants et d’hommes africains enchaînés, échangés contre des bibelots.

Ouidah était un des ports principaux du Golfe de Guinée pour cette traite d’esclaves orchestrée par les Portugais, les Hollandais, les Anglais, les Français, les Danois… La ville de Ouidah, ses quartiers anciens et la Route de l’Esclave est classée depuis 1996 sur la liste « indicative » du Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Les historiens certifient qu’un million deux cents mille personnes ont embarqué à partir de Ouidah.
A la fin du 17e siècle, les razzias étaient opérées dans les tribus avoisinantes par les chefs locaux qui adoraient les bibelots, verreries et autre cadeaux apportés par les Européens. Ceux qui étaient capturés pensaient qu’ils allaient être mangés par les Blancs. Aucun d’entre eux ne pouvait alors imaginer qu’il finirait dans des plantations (canne à sucre notamment…) au Brésil ou aux Antilles. Venus des ethnies du nord, ils n’avaient jamais vu l’Océan. Traverser les vagues brutales qui déferlent sur ces plages dans des petites barques avant d’atteindre les plus grands bateaux ancrés au large les terrifiait.

Ouidah garde la trace de ce passé. Tout d’abord avec le fort portugais, São-Jão-Batista-de-Ajuda, transformé en musée. Mais également avec cette place des enchères où les marchands européens effectuaient leurs « sélections » et marquaient les esclaves au fer rouge.
Ils étaient ensuite enfermés dans des cases dites « zomai » (= sans lumière) pour tester leur résistance lors de la traversée future. Les plus faibles mouraient et étaient entassés dans une fosse commune.
Lorsqu’on les jugeait aptes au départ (les yeux abîmés d’avoir vécu des semaines durant dans le noir absolu), enchaînés, bouches et mains entravées, ils parcouraient à pied la piste en terre rouge longue de 3,5 kilomètres qui menait à la plage. Avant d’embarquer, les hommes étaient forcés de tourner neuf fois autour de « l’arbre de l’oubli » (sept fois pour les femmes), censé leur faire oublier leur passé, leur culture, leurs traditions (mais le vaudou a perduré, notamment via les esclaves envoyés à Haïti, en Louisiane et au Brésil). Dans les navires négriers en partance vers les Amériques, ils étaient entassés en rangs serrés pour « optimiser » l’espace.
L’ Arbre du retour :
Il existait également un « Arbre du retour », planté à l’époque par le roi (négrier) du Dahomey qui garantissait le retour des âmes des captifs après leur mort. Sur la fosse commune des captifs morts avant la déportation, un Mémorial du souvenir a été érigé. Et depuis 1995, face à l’océan, la Porte du non retour a été inaugurée en 1995 par l’UNESCO, dans un devoir de souvenir et de « mémoire ».

Des statues et des mémoriaux ponctuent désormais tout ce parcours que JVC vous recommande de faire à pied.

Outre-Atlantique, de nombreux afro-américains effectuent désormais des tests ADN pour savoir de quel pays ou région leurs ancêtres étaient originaires…
Temple des Pythons :

Pour se remettre de l’atmosphère pesante de la route des Esclaves, visitez absolument à Ouidah, le Temple des Pythons. Il se trouve face à la très belle basilique de l’Immaculée-Conception, principal lieu de culte catholique de la ville.
Carret M./Canon EOS 5D MIV
Une cinquantaine de reptiles de type Python regius vit là, dans ces bâtiments. Ces pythons royaux dont la longueur n’excède pas 1,50 mètre ne présentent aucun danger pour l’homme. Les manipuler, caresser leurs douces écailles, les mettre autour du cou pour prendre une photo n’est absolument pas problématique. Sachez que la femelle (dangbé drè) est plus grosse que le mâle (dangbé kpohoun).

Une fois par semaine, les pythons sortent en ville pour trouver à se nourrir (rats, insectes…), se balader. Enfin, s’ils ne rentrent pas automatiquement dans leur temple, ce sont les habitants qui les ont trouvés chez eux qui les rapportent…

Les adeptes du vaudou vénèrent les pythons.
Ainsi, les scarifications que l’on retrouve sur le visage des femmes et des hommes des ethnies xweda et fon se réfèrent aux marques qui se trouvent sur les corps des pythons.
Ces scarifications se pratiquent dès les trois premiers mois de naissance des enfants. Mais de nos jours, les adultes défigurent de moins en moins leurs bébés de cette manière. L’un des jeunes hommes photographié a d’ailleurs avoué qu’il n’imposerait pas ces marques à son propre fils, né récemment.
Terre du vaudou :
Si les pratiques du culte vaudou ont été longtemps diabolisées, avec l’esclavage, puis les missionnaires et l’arrivée des colonisateurs européens, elles sont depuis 1992 réintroduites officiellement dans la vie quotidienne. Une fête nationale (10 janvier) célèbre d’ailleurs ce culte. Le Tour Opérateur TransAfrica propose d’assister à ce Festival annuel.

Le vaudou est pratiqué quelque soit la religion (chrétienne ou musulmane). C’est un rite ancestral dont les traditions et savoirs se transmettent oralement. Considéré comme le berceau du vaudou, le Bénin compterait 17% d’animistes.

A Dancoli, non loin de Ouidah, au bord de la route, il existe lieu sacré. Ici, on vient prier pour des récoltes, de la pluie mais aussi pour un mariage, un enfant, un accouchement, ou encore un amour, une maladie. Celui qui prie doit indiquer ce qu’il donnera comme récompense (un poulet par exemple) si son vœu se réalise. A charge pour lui de revenir une fois le vœu exaucé et de tenir sa promesse de don.
C’est pourquoi le fétiche de Dancoli regorge de plumes et autres offrandes laissées là par les adeptes.
