Par un auteur qui connaît bien son sujet, déjà par expérience personnelle, entre grands-parents maternels en ambiance festive et paternels plutôt sous tension. Le projet est clair, constructif : transformer les querelles de famille au sein de la fratrie ‘en opportunités d’apprentissage’.
Sans enfermer quiconque dans une case, l’influence de la place dans la fratrie particulièrement en matière de jalousie est reconnue, argumentée, affinée, en termes de tempéraments : sous la pression des parents, les aînés pourraient être poussés au perfectionnisme, ou désir de diriger, développant chez les cadets la débrouillardise propice au changement. Des écarts d’âge étroits inciteront à des comparaisons potentiellement frustrantes jusqu’à provoquer des réflexes défensifs des aînés tandis que de plus larges éveilleront des réflexes de protection à l’égard des benjamins. Peut-être pour évacuer toute idée reçue et querelle de genre, rien n’est dit par exemple sur le rôle assigné de l’aîné selon que c’est une fille ou un garçon ou encore au benjamin, premier mâle à la suite d’une série de grandes sœurs.
Même si le premier conflit familial se termine mal dans nos civilisations du Livre (Caïn v. Abel), notre espoir reste dans sa gestion et l’ouvrage, honnêtement, ne promet pas tout mais peut nous y aider.
Si la communication non violente (CNV) répertorie neufs besoins fondamentaux dont l’amour et l’empathie, les stratégies pour les satisfaire sont laissées à l’imagination de chacun, au dialogue préservé, à la réflexion, à la nuance, à l’effort de compréhension en proscrivant insulte ou blessure.
Bien sûr, on nous rappelle que pour être crédible et utilement initié, il convient d’être soi-même exemplaire et que l’on ne peut se défausser de son autorité. Ce qui n’exclut pas l’encouragement aux enfants à débloquer eux-mêmes leurs conflits en valorisant le pardon.
L’ouvrage a le mérite de ne pas s’en tenir aux idées générales : de nombreux témoignages manifestement vécus sont fournis avec « décodage du coach ».
Comment éviter, désormais, sur ce grand chapitre de l’émotion, le recours aux neurosciences (« neurones miroirs ») même si l’on incite aussi fort classiquement chacun à traquer ses figures inspirantes au sein de sa propre famille : une forme de coopération, volens nolens, point d’appui vers une vie réussie, patrimoine ou fardeau génétique, -pour le meilleur ou pour le pire.
Notre regret : la fratrie de multiples est une configuration totalement laissée pour compte.
Frères et sœurs complices pour la vie de Nina Bataille, 192 pages, 14€95