Cela peut paraître curieux de visiter un musée pour se pénétrer d’odeurs, lorsqu’il ne s’agit pas d’un musée consacré aux parfums. Et pourtant… c’est bien le défi lancé par le musée de la Chasse et de la Nature de Paris à l’occasion de l’exposition « Sentiment de la Licorne ». La Maison Cire Trudon a relevé le challenge, en imaginant quatre parfums, à découvrir au fil de quatre salles et cabinets. L’auteur de ce parcours olfactif : Antoine Lie, parfumeur chez Takasago.
Découvrir des lieux à travers un autre sens…
Décalés ou racés, les parfums composent un paysage olfactif qui s’inscrit en surimpression des œuvres présentées.
Ecrin tendu de velours de soie vert, le Cabinet de Diane présente deux toiles de Pierre Paul Rubens et Jan Bruegel représentant Diane. Au plafond, une œuvre en plumes et billes de verre de Yann Fabre (La Nuit de Diane, 2007) dessine une atmosphère troublante envahie par les chouettes. Antoine Lie confie avoir été plus inspiré par les deux tableaux que par les chouettes. « J’ai visualisé la couse d’une cerf, un meute de chiens à ses trousses. Dans sa fuite pour survivre, le cerf traverse une forêt verte et humide, son pelage s’imprègne de toutes les odeurs qui l’entourent. Un accord naît entre le cuir chaud de la bête qui se démène et la naturalisé d’un mélange d’odeur de pin, d’humus, de forêt »
L’accord épicéa, mousse de chêne, humus traduit l’univers d’une forêt touffue qui entoure et protège la bête.
Autres ingrédients : galbanum, patchouli, castoréum, accord fourrure, ambre.
Au cœur du mystérieux Cabinet de la Licorne, le parfum accentue le caractère chimérique de cet animal imaginaire. Les objets éclairés semblent donner des preuves de son existence. Le le parfum fait vivre la légende. « J’ai créé un parfum autour d’évocation mystérieuses, envoutantes et expérimentales, tout en lui conférant une chaleur animale. Des éclairages luminescents naît une présence chaude » explique Antoine Lie.
Dans la longue salle d’armes, sont exposées armes à feu et grandes peintures. Une odeur de graisse à fusil et de poudre à canon ricoche sur les armes ciselées, incrustées d’ivoire et matières précieuses. Pour cette salle majestueuse, Antoine Lie souhaitait mettre en scène la fraction de seconde où le parfum métallique de la poudre à canon fait écho à la peur de l’animal. Le mélange de castoréum, jasmin et ciste labdanum permet de traduire l’odeur forte émise par la bête, comme un instinct de survie.
Autres ingrédients : mousse de chêne et immortelle.
Enfin, au bout d’un petit couloir inattendu, le Cabinet du Cheval dissimule, derrière une grille, une toile représentant un cheval en bois destiné à la vitrine d’un sellier. Détournée, une odeur d’écurie, de crin et de paille s’échappe, anoblie, de cette image d’Epinal. Un parfum brut et sans détours. « J’ai choisi d’illustrer la force excessive de l’animal captif de son étable ». L’accord goudron de bouleau, castoréum et patchouli traduit en même temps l’animosité de la bête et l’odeur du crin de cheval. Une odeur sombre, chaude, fougueuse soutenue par des volutes de foin, de lavande et de vétiver.
Musée de la chasse et de la Nature
62, rue des Archives
75003 Paris
Le musée est ouvert tous les jours sauf le lundi et les jours fériés, de 11h à 18h, de 11h à 21h30 le mercredi.
L’exposition « Sentiment de la Licorne » dure jusqu’au 28 mai.
www.chassenature.org
Enregistrer