Le Petit Prince qui demandait à l’aviateur de lui dessiner un mouton (dans le roman de Saint Exupéry) a grandi. Il apprécie maintenant les travaux d’aiguille, les coussins moelleux et les pulls tout doux, faits main. Et la marque Bergère de France est prête à le satisfaire, avec des laines et cotons de qualité, car aujourd’hui, pour être “tendance”, il faut renouer avec les fils d’antan. Broderie, crochet et tricot “faits mains” ont le vent en poupe. Des techniques, aux vertus sociales et thérapeutiques, que les jeunes générations redécouvrent avec passion, avec, en plus, la délicieuse impression de créer en toute liberté.
Un savoir-faire qui fait rêver…
Tous les usagers des transports en commun le remarquent: depuis quelques saisons, mailles à l’endroit et à l’envers, point dessus et dessous ponctuent l’itinéraire de plus en plus de voyageuses, attirant l’attention et suscitant parfois l’envie de celles qui n’ont pas manié d’aiguilles depuis des éternités. Un renouveau qui touche toutes les catégories socio-professionnelles, tous les âges – ou presque- et donne aux 46% de françaises qui n’ont jamais tenté l’aventure des aiguilles, le désir d’apprendre le maniement de ces ustensiles de plaisir, qui permettent d’allier respect de la tradition et création de vêtements et accessoires à la mode.
Le tricot : un nouveau type de yoga
Avez vous déjà essayé de tricoter ou de broder en fumant ? Impossible. Rien que pour cette raison, les travaux d’aiguilles méritent d’être considérés avec intérêt. Et ils offrent bien d’autres plaisirs. Ceux de développer une relation sociale avec les objets et les gens, de s’échapper du casse-tête des ordinateurs, d’exprimer son individualité en obtenant un produit matériel grâce à l’attention, la patience, voire la concentration en cas de jacquard compliqué. “Le tricot est un nouveau type de yoga”, assure l’Américaine Lily Chin, auteur de « The Urban Knitter » (« Le tricoteur citadin »). Pour preuve, dans certains centres hospitaliers des États-Unis, on recommande même ce type d’activité pour apaiser la douleur lors de traitements lourds.
Pourtant, la majorité de celles et ceux ( et oui, des hommes tricotent) qui ont tricoté ne l’ont pas fait depuis longtemps : seuls 8% des Français s’adonnent régulièrement à ce passe-temps. Et à l’inverse, 46% des Français n’ont jamais tenté l’aventure, alors même que 55% d’entre eux déclarent que si demain ils avaient la possibilité d’apprendre, ils le feraient.
Une histoire de transmission
Activité conviviale d’échange, de partage et de transmission des savoirs, le tricot, tout comme la broderie et le crochet, passe le plus souvent par une initiation familiale , principalement venant d’une mère 63%) ou d’une grand-mère ( 33%). On ne vient en effet , que minoritairement au tricot de soi-même. Tout se passe comme si le tricot permettait, sans doute dans l’enfance le plus souvent, ou au moment où le premier bébé arrive, de partager des moments privilégiés avec sa mère. Une occasion en fait, de mieux la connaître . L’imitation n’est-elle pas le plus sincère des compliments ? Apprendre à tricoter avec sa mère, c’est s’inscrire dans la continuité.
Paradoxalement, tricoter permet d’affirmer sa personnalité. On entend de plus en plus les gens regretter l’uniformisation que la société de consommation a engendrée : tout se ressemblerait, tout le monde serait habillé pareil, voire penserait pareil via le “politiquement correct”. Or le tricot est un loisir qui permet d’être vraiment soi-même . En créant de ses propres mains, cette activité permet d’enrayer ce sentiment de conformisme ambiant.
Prendre son temps au milieu des pelotes
Dans une société où le temps de devoir être productif imprègne jusqu’à la sphère privée, où les activités sont minutées, voire ont un autre but que celui de se détendre (on fait du sport pour mincir, aller au théâtre pour se cultiver…), les travaux d’aiguilles représentent à la fois une façon “intelligente” de prendre son temps, de résister à l’omniprésence des marques, tout en se détendant ( 86% des Français jugent que tricoter permet de se déstresser). Un loisir le plus souvent pratiqué chez soi : la quasi-totalité des personnes qui tricotent le font chez elles (98%). Cependant des clubs se créent, une bonne occasion pour se retrouver, se faire de nouvelles amies, recevoir des conseils, échanger des techniques et bavarder tout en avançant son petit chef-d’ œuvre. Coté hommes, ils sont 30% à déclarer avoir déjà expérimenté le tricot, et 51% à désirer apprendre. Un “aveu” qui est certainement le signe d’une évolution des mentalités. En effet, après l’appropriation des activités traditionnellement masculines par les femmes, comme le bricolage, on assiste actuellement à une acceptation de leur coté féminin par les hommes. Pour le moment, seulement 1% d’entre eux déclarent tricoter . Pourtant ils ont l’approbation des femmes. 47% d’entre elles jugent sympathique qu’un homme tricote, 28% qu’il est courageux et s’affranchit du regard des autres, 16% que cela est touchant.
Encore marginal : le crochet
Il reprend du galon, mais très discrètement, un peu trop connoté avec les napperons de grandes tantes, les dessus de lit qui mettent trois jours à sécher ou les gilets à fleurs des hippies du siècle dernier. Plus facile qu’il ne paraît, il rebute cependant en donnant l’impression “qu’il faut toujours compter” ses boucles, ses brides et demi-brides . Pourtant, la technique est simple, et l’encombrement minimum: un beau fil, un crochet et c’est tout ! Et quoi de plus tendance qu’un petit sac alternant rangs de mailles coulées et de mailles serrées, qu’un chapeau d’été rigolo, des volants de jupons à rajouter à l’envi, et aussi de bracelets, colliers et autres débardeurs ou mini-gilets.
Et il n’y a pas que la laine ou le coton...
Ficelle, chanvre, lin, chenille, raphia, lamé, fibres mélangées, ruban, mohair, se tricotent et se crochètent avec bonheur. Il faut juste savoir si vous voulez donner un beau relief avec des fils “très tordus”, ou un effet doux et moelleux avec des fils légers et lâches. Dans tous les cas, faites d’abord un échantillon en essayant plusieurs diamètres d’aiguilles ou de crochets pour vérifier le résultat. Chacune travaillant “plus ou moins serré”, il vaut mieux vérifier sur un échantillon de 10 cm de hauteur que de défaire un ouvrage à moitié exécuté.
Un conseil : achetez plutôt une pelote de trop qu’une de moins. Conservez le n° du bain de teinture inscrit sur la bande de la pelote : vous pourrez ainsi réassortir la teinte du fil, si nécessaire. Et puis, si vous débutez, commencez par un ouvrage simple. Sinon, découragement garanti !