La lecture du livre éclairant de Jean-Michel Blanquer se poursuit sur JVC. Cette fois, l’auteur s’attache à définir ce que pourraient être un collège plus efficace et un lycée moins dur pour les élèves.
Au collège, Blanquer redéfinit la façon d’organiser le travail, en marquant sa réticence à l’égard du cours magistral. La session de travail devrait comporter trois temps : « le temps magistral, le temps de l’interaction, le temps d’autonomie ».
Bien que l’hétérogénéité des niveaux au sein des classes rende illusoire la notion de collège « unique », la proposition de Jean-Michel Blanquer ne consiste pas à le remettre en cause mais plutôt à le faire évoluer dans deux directions : envisager un collège modulaire d’une part, un parcours plus personnalisé des élèves, d’autre part :
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Inspiré des modèles scandinaves, le collège modulaire consiste à réduire le nombre d’enseignements en « intégrant » certaines disciplines1 pour aboutir en 6eme et 5eme à trois enseignements (français, mathématiques et sciences, humanités et langues). Il suggère, plutôt que de tenter d’y remédier par des décharges horaires des professeurs concernés, comme on le fait habituellement, que cette nouvelle répartition des enseignements soit inscrite dans l’organisation même du collège. L’enseignement au collège deviendrait plus modulaire et conçu sur 4 ans (lorsqu’on a acquis un bloc de compétences on passe au suivant, sans changement d’année) et laisserait la place à des enseignements en groupe de niveaux (par exemple pour les langues).
- La personnalisation du collège se traduirait par un contrat passé entre les élèves, leur famille et le collège, incluant des éléments éducatifs (discipline, rapports aux autres, activités extra-scolaires) et des objectifs pédagogiques. Cette idée s’est traduite dans la loi de 2004 par la mise en place des programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE), dont l’application est restée incomplète. L’auteur propose de rénover ce projet.
Le lycée doit quant à lui devenir un lieu d’initiative et de responsabilité, où les élèves développent notamment l’esprit d’entreprise. Il s’agit de lutter contre « cette inhibition de l’action qui nous fait tant de mal et qui empêche nos élèves de s’exprimer ou de prendre des risques ». Le lycée doit permettre à chaque élève une spécialisation progressive, assortie de passerelles permettant de revenir en arrière sur ses choix.
Jean-Michel Blanquer regrette de n’avoir pas réussi à rééquilibrer les filières générales, pour lesquelles la domination de la série S n’a pas cessé. C’est un chantier à reprendre. En revanche la réforme en 2009 de la voie technologique, bon intermédiaire, selon l’auteur, entre les séries générale et professionnelle, a permis de clarifier et de moderniser les filières. Celle du baccalauréat professionnel2, également en 2009, est selon lui également opportune. Il plaide toutefois pour que soit poursuivi l’effort de simplification et de modernisation de ces diplômes, ainsi que leur lien avec le marché du travail.
Enfin, il faut « dépoussiérer le bac » en le recentrant sur quelques épreuves de contrôle final, les autres disciplines étant évaluées par contrôle continu. L’auteur rappelle que les résultats du bac correspondent à 95% avec ceux du contrôle continu.
Toutes ces mesures sont dictées par un certain bon sens. On le voit bien, il suffirait de peu pour que nos enfants soient plus heureux et réussissent mieux au collège et au lycée. Encore faut-il une grande fermeté et une volonté politique forte !
1 Par exemple, un seul enseignement pour sciences de la vie et de la terre, sciences physiques et technologie, comme cela a déjà été testé
2 Qui a conduit au passage de ce bac en trois ans au lieu de quatre
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et bientôt l’école de la vie 4/4