Aux États-Unis, on les appellerait des self-made men. Des hommes qui ne réussissent que par eux-mêmes, par leurs idées, leur enthousiasme. Rencontre avec Antoine Bolze, co-fondateur à 24 ans avec Alexis Maugey de la marque de chaussures Bobbies.
Un pélican, ca ne marche pas droit ?
C’est vrai. Mais le pélican est un animal joyeux, rond, estival. Nous avons donc donné vie à notre mascotte. Il a son profil Facebook, il aime la baguette française et il adore prendre un café en terrasse. Il a un nom, Jean Bobby, que le service SAV utilise pour répondre au téléphone. Il est craquant, non ? Et puis ce nom est facile à prononcer, il se retient, il est cosmopolite et on peut l’utiliser dans toutes les langues.
Comment avez-vous réussi à percer dans un marché pourtant concurrentiel ?
En apportant un élément différenciant, clé de toute réussite. Fabriquer des mocassins à picots, aux couleurs gaies, en créant des produits estivaux de qualité. En proposant des produits avec un bon rapport qualité/prix, en introduisant sur le marché un produit qui n’existait pas : le mocassin coloré.
24 ans à vos débuts, avantage ou inconvénient ?
Être jeune est un inconvénient. On ne connaissait pas les acheteurs, on arrivait en cassant les codes. Mais du coup, nous étions aussi plus motivés. Le produit répondait à un besoin, on ciblait notre entourage. Et dès la première vente en avril 2010, 500 paires se sont écoulées. Et puis, nous avons eu de la chance également. Alors qu’on prospectait des boutiques multi-marques dans le Marais à Paris, nous avons croisé le chemin d’une personne qui a beaucoup aimé nos collections. En fait, elle travaillait aussi au service des achats pour le Printemps. Un mois après notre lancement, nous étions déjà en rayon au Printemps, boulevard Haussmann. Cela a d’emblée crédibilisé le projet. Ce qui était un doux rêve est devenir un objectif sérieux.
Vous avez choisi de ne pas produire en Chine ?
Nos peaux viennent d’Italie pour 90% d’entre elles. Et la fabrication est portugaise. Notre ADN, c’est le mocassin, en peau, haut de gamme et classe, de qualité. Mais nous avons évolué en créant des slippers, des booties, des derbies, des ballerines, des motardes… Notre idée est de prendre un intemporel du vestiaire et de le mettre à la sauce Bobbies : couleurs et matières, petit détail élégant pas trop chargé.
Quel est le produit ou la couleur qui fonctionne bien ?
Chaque pays a ses contraintes culturelles. Le Français reste plutôt classique : bleu, noir, beige. Il peut choisir une paire classique et acheter aussi une paire un peu plus funky et colorée. Dans tous les pays du Moyen-Orient, Dubaï, Koweït, Qatar, Arabie saoudite, ce qui marche, c’est le mocassin de couleur rouge !
Aujourd’hui Bobbies, c’est…
17 salariés, dont 3 personnes à la création des collections, une boutique en nom propre au cœur de Paris (rue des Bancs Manteaux), une boutique éphémère lancée en juin 2014 à Covent Garden qui fermera ses portes fin mars. C’est aussi 4 millions de CA pour un résultat et une rentabilité de 10 %. C’est une présence mondiale dans 40 pays.
Et pour 2015, quels projets ?
Renforcer la distribution, mieux se déployer sur le marché anglais, les pays de la proche Europe et les pays nordiques. Nous avons également un projet de nouvelle boutique à Paris, et des idées de franchises à Beyrouth au Liban.
Bientôt sur JVC notre coup de cœur « Booties » de chez Bobbies
Par Martine Carret